
La construction du tout premier porte-conteneurs à voile porté par une coopérative est officiellement lancée !
À l’annonce de l’officialisation du contrat, notre directeur technique — poète à ses heures perdues — a déclaré que c’était « le début des emmer… ». Sans doute une blague de mécanicien. Plus sérieusement, c’est le début d’une belle aventure de deux ans jusqu’à ce que le navire flotte. Mais avant de se projeter dans les prochaines étapes, on voulais prendre le temps de vous raconter tout ce qu’il a fallu aligner pour que ce bateau voie le jour. Derrière l’annonce officielle du lancement de la construction de notre premier porte-conteneurs à voile coopératif, il y a… toute une histoire. Derrière les caractéristiques techniques de notre porte-conteneurs à voile, il y a bien plus qu’une innovation technologique : il y a une aventure collective.

C’était le pari de départ en créant Windcoop : développer une compagnie maritime organisée en coopérative, qui permettrait à des centaines de citoyens de prendre part au projet, dans le but de démocratiser un secteur industriel encore peu connu du grand public, mais essentiel, puisque l’immense majorité des objets que nous utilisons au quotidien (90%) a voyagé par la mer. Nous comptons aujourd’hui plus de 1 600 sociétaires et partenaires engagés dans Windcoop, qui ont permis de réunir près de 6,8 millions d’euros et de financer la construction du premier bateau.
Initialement, nous pensions lancer la construction du bateau en 2023, puis cela a glissé en 2024… et finalement, ce sera 2025. On se console en se disant que c’est le propre des projets industriels. En tout cas, ces derniers mois, nous n’avons pas ménagé nos efforts ! Avoir l’idée du projet, c’est une chose. Obtenir l’engagement de clients et lever des fonds, c’en est une autre. Mais décrocher un financement bancaire ? Là, c’était clairement le boss final.
Ces derniers mois, il a fallu faire des choix décisifs, franchir des étapes cruciales, lever des verrous financiers un par un — et surtout, s’armer de patience et de détermination.
▪️La sélection du chantier ? Loin d’être évidente.
▪️Le montage bancaire ? Un vrai défi.
▪️La garantie publique ? Un marathon administratif.
Voici un petit flashback sur les principales étapes franchies ces derniers mois…

Le choix du chantier
Choisir le chantier n’est pas une mince affaire. Avant de passer une commande à 28,5 millions d’euros, on prend le temps de s’assurer que le prestataire est capable de livrer un bon produit, que l’entente avec les équipes est bonne… et, bien sûr, il faut aussi composer avec la disponibilité des chantiers, leur capacité à livrer le bateau dans les temps, etc. Nous avons donc lancé un appel d’offres auprès d’une douzaine de chantiers, tous européens à l’exception de deux chantiers turcs parmi les douze consultés. Au terme des négociations, c’est finalement le chantier turc RMK que nous avons sélectionné. Ce choix repose sur plusieurs critères : le prix, bien sûr, le feeling avec leurs équipes, les conditions de paiement, la date de livraison, etc… mais aussi sur leur capacité à engager leur responsabilité quant à l’intégration des voiles.
C’est un sujet un peu complexe à résumer en quelques lignes, mais retenez surtout ceci : aujourd’hui, la majorité des chantiers refuse de prendre la responsabilité d’intégrer ces technologies dites « nouvelles » (si tant est qu’on puisse vraiment considérer les voiles comme une nouvelle technologie). RMK Marine, lui, fait partie des rares — et même des tout premiers — à s’engager sur cette voie. Il faut dire qu’ils viennent tout juste de livrer avec succès le Neoliner, le premier navire de nos amis de Neoline.

Pourquoi pas en France ?
En France, la construction de porte-conteneurs appartient (malheureusement) au passé. Pour vous donner un ordre d’idée, le dernier a été construit à La Ciotat en 1987. Pour construire en France, nous avions deux solutions :
C’est donc à Istanbul que sera construit le bateau avec RMK Marine. Mais une fois le chantier choisi, il restait encore à obtenir le feu vert final pour le financement…
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Le marathon du financement
Vous vous en doutez : un navire de 28,5 millions d’euros, ça ne se finance pas sur un coup de tête. Et encore moins quand on s’appelle Windcoop, et pas CMA CGM ou MSC. Il est difficile d’expliquer toutes les complications liées au financement d’un premier bateau, surtout quand on est une jeune coopérative, mais voici déjà un aperçu :
Stabiliser un prix de construction
Ce serait bien pratique de pouvoir interroger un chantier, lui demander son prix, structurer son financement tranquillement, puis revenir vers lui une fois les fonds réunis. Quand on est une grande compagnie maritime avec des moyens conséquents, la phase « on structure son financement » ne prend que quelques jours.Le chantier donne son prix,si ça colle, on entre en négociation exclusive et on avance. Avec Windcoop, ce n’est pas « quelques jours », mais « quelques mois ». Et pendant ces quelques mois… le prix de construction bouge, évidemment, avec l’inflation, la guerre en Ukraine, et toutes les incertitudes du moment.
Obtenir un prêt bancaire
Les banques qui nous accompagnent sur ce projet sont hyper motivées et hyper constructives — en particulier le Crédit Maritime Grand Ouest Banque Populaire, qui a syndiqué le financement : ils ont été géniaux. Mais, il y a un mais. Le métier des banques, ce n’est pas de prendre des risques. Et financer un cargo à voile avec un design nouveau, une technologie de voile nouvelle, pour une nouvelle compagnie maritime, organisée pour la première fois en SCIC, pour ouvrir une nouvelle ligne maritime… disons que ça fait beaucoup de fois le mot nouveau dans la même phrase. Donc, la banque nous demande une garantie bancaire, autrement dit une assurance crédit. Quelqu’un qui accepterait de se porter garant de Windcoop pour rembourser le prêt si jamais le projet échouait… pas simple à trouver.
Alors, merci la France ! C’est l’État qui a consenti à cet effort (mais pas gratuitement, loin de là !), et grâce à la Banque Publique d’Investissement (BPI), nous sommes parvenus à obtenir cette fameuse assurance-crédit qui nous a permis de décrocher le prêt bancaire. Bon, écrit comme ça, ça a l’air simple… mais ce n’est pas le genre de dossier qui se monte en quelques jours, ni même en quelques semaines. On est plutôt sur six mois. Et pendant ce temps-là, souvenez-vous : le prix de construction du bateau, lui, continue d’évoluer… Bref, Tout s’est joué dans un véritable sprint hivernal : après des semaines de négociations intenses, c’est finalement le 2 avril que la délivrance est tombée dans notre boîte mail — virement validé, contrat effectif, et la construction est officiellement enclenchée.
Ce moment de bascule, il nous faut bien quelques jours pour le réaliser pleinement : Windcoop et tous ses sociétaires vont vraiment devenir armateurs d’un premier joli petit cargo-voilier de 91 mètres !
C’est le début de l’aventure…
C’est le début d’une belle aventure de deux ans jusqu’à ce que le bateau flotte : la réalisation des plans de détail, voir le bateau prendre vie peu à peu sur le papier, choisir chaque équipement, la couleur des portes, l’agencement de la passerelle, les rideaux de douche… tout !
Et puis, cet été, ce sera les essais en bassin des carènes ! On va fabriquer une maquette de plus de 6 mètres que l’on ira tester dans un grand bassin aux Pays-Bas, pour la torturer en lui faisant subir les pires tempêtes et vérifier si elle tient bon la mer. Et puis, à la fin de l’année, ce sera la découpe des premières tôles… On vous racontera tout ça ! Et notre ambition ne s’arrête pas là. Nous travaillons déjà à élargir la flotte Windcoop :
Ce projet est humain, collectif, et il avance grâce à la force du nombre. Si l’aventure vous tente, vous pouvez la rejoindre en devenant sociétaire :