Analyse du cycle de vie du porte-conteneurs à voile Windcoop

Avez-vous déjà pensé à l’impact écologique et social d’un porte-conteneurs ? Nous, oui. Et c’est justement le point de départ de notre réflexion chez Windcoop. Notre ambition : prouver qu’il est possible de naviguer autrement, durablement. Relier Marseille à Madagascar à bord d’un porte-conteneurs propulsé par le vent. Un défi technique ? Bien sûr. Mais surtout un défi écologique et social.

Dans cet article, on vous embarque dans les coulisses de notre réflexion : un cargo à voile, ça a l’air écolo sur le papier, mais est-ce vraiment le cas ? Pour éviter de tomber dans le piège des fausses bonnes idées, on a décidé de tout décortiquer avec l’Analyse du Cycle de Vie (ACV). Une démarche exigeante qu’on vient de lancer et qui devrait nous donner une idée de l’impact réel de notre porte-conteneur, de sa construction jusque sa fin de vie. On vous explique.

Sommaire

Soyons clairs : brûler des carburants fossiles à grande échelle est un désastre écologique. Le transport maritime représente 3 % des émissions mondiales de CO₂, et pourtant, la majorité des navires carburent encore au fioul lourd, un poison pour l’atmosphère et les océans. Face à cette urgence, l’OMI et l’Union européenne, avec FuelEU Maritime, misent sur les carburants alternatifs. Mais peut-on vraiment sauver les océans en remplaçant un carburant par un autre ? Réponse ici.

Chez Windcoop, nous avons choisi une autre voie : le vent. Grâce à une propulsion vélique ( = à la voile) et un moteur diesel en appoint, nous réduisons drastiquement notre consommation de carburant, et donc nos émissions. Mais décarboner l’usage, ici la phase de navigation, ne suffit pas. Chaque innovation peut déplacer le problème ailleurs : matériaux plus polluants, fabrication énergivore … On l’a vu avec la voiture électrique : moins d’émissions à l’usage, mais un impact plus important en amont (Carbone 4 l’explique trbien dans cet article ici). Alors, comment être sûrs que nos choix sont réellement les bons ?

 Construire durablement : un défi (bien) réel

« Construire un bateau, ça pollue, non ? » La question revient souvent, et vous avez raison de la poser. Et la réponse est simple : oui. Concevoir un navire a un impact environnemental. C’est pourquoi, dès le départ, nous avons fait le choix d’intégrer des critères écologiques et sociaux à notre conception. Pas question de simplement limiter la casse : notre objectif est de repenser le transport maritime pour qu’il soit réellement plus durable.

Carte ligne directe Marseille - Madagascar projet Windcoop
1ère ligne Windcoop de Marseille à Madagascar

Et ce n’est pas qu’une intuition. Les études menées avec Zéphyr & Borée et notre bureau d’études sont claires : la propulsion vélique est la meilleure option pour réduire l’empreinte carbone du transport maritime. Concrètement, sur la ligne Marseille-Madagascar, on estime qu’elle permettrait de diminuer les émissions de CO₂ de 60 % sur la phase de navigation. Pas parfait, mais nettement mieux. Mais alors, comment être sûrs que ces choix sont réellement les bons et qu’ils ne déplacent pas le problème ailleurs ? C’est là que l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) entre en jeu.

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L’Analyse du Cycle de Vie, notre boussole

L’ACV, c’est comme une biographie environnementale : elle retrace l’histoire complète d’un produit, de sa conception à sa fin de vie. Prenons un livre : choix du papier, impression, transport, usage… puis recyclage. À chaque étape, des ressources sont consommées, des émissions sont générées. L’ACV permet de quantifier ces impacts et d’identifier des leviers d’amélioration.

ACV Windcoop (2)
Analyse du Cycle de vie d’un porte-conteneurs

Pour Windcoop, l’ACV c’est comme faire une radiographie de notre porte-conteneurs. Elle nous permet de tout mesurer : d’où viennent les matériaux, comment ils sont transformés, leur impact à chaque étape de la construction et même leur fin de vie. Sans cette vision d’ensemble, difficile de savoir si l’on fait réellement mieux ou si l’on ne fait que déplacer le problème. L’ACV ne se limite pas aux émissions de CO₂ : elle passe tout en revue. Consommation d’eau, toxicité des matériaux, exploitation des ressources naturelles, impact sur la biodiversité et la santé humaine… Rien n’est laissé au hasard. Et pour garantir une analyse rigoureuse et transparente, elle suit des normes strictes (ISO 14040 et l’ISO 14044). Pour garantir des résultats solides, nous sommes accompagnés par le bureau d’études ACV EVEA et soutenus par l’ADEME dans cette démarche.

ACV Windcoop
Analyse de l’impact d’un porte-conteneurs à voiles

Chaque composant du navire est ainsi scruté à travers quatre grandes étapes :

  • 1- Extraction des matières premières : Quel est l’impact des matériaux utilisés, comme l’acier ou le bois, depuis leur extraction jusqu’à leur transformation en pièces pour le navire ?
  • 2 – Construction : Combien d’énergie est consommée ? Quelles émissions sont générées lors de l’assemblage des composants du navire ? Tous les flux de matières et d’énergie sont analysés jusqu’à la mise à l’eau.
  • 3 – Exploitation : Une fois le navire en service, quels sont ses impacts ? Consommation de carburant et d’énergie, opérations portuaires, maintenance… Chaque flux de matière et d’énergie est pris en compte.
  • 4 – Fin de vie : Que deviennent les matériaux une fois le navire hors d’usage ? L’acier peut-il être recyclé ? La filière de démantèlement est-elle une source d’impact importante ?
  • Mais un bateau, ce n’est pas qu’une somme de matériaux et de chiffres carbone. Derrière chaque maillon de la chaîne, il y a des personnes, des conditions de travail, des impacts sociaux. C’est pourquoi chez Windcoop, l’ACV ne s’arrête pas à l’environnement. Nous voulons aller plus loin en intégrant une dimension sociale à notre démarche. En parallèle de notre analyse environnementale, nous évaluons l’impact humain de notre projet : conditions de travail, sécurité, rémunération, respect des droits humains, retombées économiques locales. L’objectif ? Tendre vers un modèle aussi éthique que possible. Peut-être que certains compromis seront nécessaires pour assurer la viabilité du projet, mais cette analyse nous permet de les faire en toute conscience, en mesurant les impacts réels plutôt que de naviguer à l’aveugle.

    Bien sûr, nous ne sommes pas naïfs. Dans un monde globalisé, certaines étapes échappent (encore) à notre contrôle, notamment l’extraction des matières premières, où les pratiques sont souvent opaques et soumises à des enjeux économiques et politiques complexes. Mais ces défis ne sont pas des fatalités. Ils sont autant d’opportunités d’apprendre, de questionner et, pourquoi pas, de bousculer les habitudes du secteur maritime.

    Pour notre premier navire, l’ACV sera avant tout un outil d’évaluation. Elle nous permettra de mesurer son impact global avec transparence, en suivant un processus de certification rigoureux pour garantir la crédibilité de notre analyse environnementale. Mais ce travail ne s’arrête pas là : il servira de socle pour les prochains navires Windcoop, en nous donnant les moyens de proposer des améliorations environnementales et sociales concrètes. D’autres acteurs du vélique, comme Vela, ont amorcé ce travail. Mais si l’on veut que la filière maritime à propulsion vélique devienne une vraie alternative durable, cette approche doit se généraliser. Chez Windcoop, nous faisons le choix d’y aller à fond, convaincus que l’ACV est un levier puissant pour transformer l’industrie, bien au-delà de notre propre projet. 

    Conclusion :

    Construire un navire, c’est comme assembler un puzzle géant : chaque pièce compte. Grâce à l’ACV, nous ne nous contentons pas de réduire notre empreinte environnementale, nous renforçons également notre transparence – une valeur fondamentale de notre modèle coopératif. Avec plus de 1 600 sociétaires à bord, nous partageons des données claires, sensibilisons chacun aux enjeux écologiques et encourageons une véritable implication collective.

    Vous aussi, prenez part à cette aventure ! En devenant sociétaire, vous ne faites pas que soutenir un projet : vous prenez part à une transformation concrète du transport maritime.  👉 Rejoignez-nous

    FAQ : Tout savoir sur l’ACV et notre porte-conteneurs à voile

    1 . Pourquoi construire un porte-conteneurs à voile ?
     Le transport maritime, rapporté à la tonne transportée, est l’un des modes de transport les moins polluants. Mais, étant donné les volumes gigantesques qu’il représente, son impact global reste considérable. Chez Windcoop, nous voulons prouver qu’un autre modèle est possible : un transport maritime respectueux de l’environnement et des communautés. Notre porte-conteneurs à voile est un premier pas vers un secteur plus durable.

    2 . L’ACV, qu’est-ce que c’est exactement ?
     L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est une méthode qui permet d’évaluer l’impact environnemental et social d’un produit tout au long de son cycle de vie. Cela inclut toutes les étapes, de l’extraction des matières premières à la fin de vie du produit. Plutôt que de se limiter à un seul indicateur comme les émissions de CO2, l’ACV prend en compte de nombreux critères tels que l’impact sur la biodiversité, les effets sur la santé humaine ou les émissions de gaz à effet de serre.

    3 . Quels sont les principaux défis liés à l’ACV ?
     La collecte de données est sans doute l’un des plus gros obstacles. Traquer l’origine des matériaux, mesurer l’impact de chaque étape de fabrication et modéliser des données parfois incomplètes ou inexistantes d’un système aussi complexe qu’un navire demande du temps et de la rigueur. Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec nos partenaires pour garantir une analyse fiable et exploitable.

    5. En quoi l’ACV aide-t-elle à concevoir des navires plus durable ?
     
    L’ACV nous permet d’identifier les étapes où l’impact écologique est le plus important et de proposer des solutions concrètes pour le réduire. Par exemple, elle guide nos choix de matériaux et nos processus de fabrication, tout en nous aidant à anticiper la fin de vie du navire.

    6. Comment l’ACV prend-elle en compte l’aspect social ?
     
    Nous intégrons des critères sociaux comme les conditions de travail, les droits humains et les retombées économiques locales. Ces aspects sont essentiels pour promouvoir des pratiques équitables et durables dans toute la chaîne de valeur.

    7. Quels résultats espérez-vous tirer de cette première ACV ?
     Cette ACV nous offrira une vue d’ensemble sur les impacts environnementaux et sociaux de notre projet Windcoop pour pousser le curseur de la transparence. Un point clé de notre statut coopératif. Elle représentera dans un second temps une base solide sur laquelle nous pourrons nous appuyer pour améliorer la performance environnementale des prochains navires. Nous espérons également que cette expérience pourra aider d’autres acteurs du transport maritime à explorer des approches similaires.

    8. Comment puis-je soutenir ce projet ?
     
    Rejoignez-nous en devenant sociétaire de Windcoop ! Votre implication contribue concrètement à une révolution écologique et sociale dans le transport maritime. En savoir plus.